"D'une beauté rare." Etienne Dhonte, ancien responsable d'une importante organisation lilloise, a été touché en plein cœur par la dernière vidéo de Laurent Jarneau et il a tenu à le faire savoir à son auteur : "Je la regarde régulièrement avec toujours la même émotion. Un immense merci." Le ton est donné. Révélateur du supplément d'âme, Laurent Jarneau "écrit" des œuvres qui impactent ceux qui les reçoivent. Des films. Des livres. Des articles. Des messages qu'on n'oublie pas.

 

Cet été, dans sa maison plantée sur une hauteur du piémont des Pyrénées, entourée de vaches, de  chevreuils et de maïs, son regard n'est pas rivé sur le mail qu'il vient de recevoir mais sur le paysage qui l'entoure. "Tout est une question de contemplation", murmure-t-il pour expliquer son art. Cette faculté qui porte à l'admiration ne peut se déployer selon lui qu'à une seule et unique condition : "Savoir bien écouter". Et de citer Michel Serres, dont il est un inconditionnel : "C'est tellement rare, c'est tellement improbable, c'est tellement miraculeux que c'est peut-être ça la civilisation et la culture. Rencontrer quelqu'un qui écoute."

 

Depuis son plus jeune âge, Laurent Jarneau écoute le monde qui l'entoure avec la soif inextinguible de le raconter en textes et en images. Naturellement doué en dessin (il gagne son premier concours à l'âge de 6 ans), il passe le plus clair de son temps à écrire : des histoires d'abord inventées. "Des aventures d'orphelins en déroute dans le style Club des 5, écrites sur des cahiers d'écolier que j'ai précieusement conservés," s'amuse-t-il. Des histoires en prise avec le réel et très sérieuses, quelques années plus tard, quand il deviendra correspondant local de l'hebdomadaire de sa commune. "J'y ai fait mes premières armes de journaliste avec la même impatience chaque vendredi d'ouvrir le journal pour découvrir mes articles, se souvient-il. C'est là que j'ai ressenti le premier, le plus grand et le plus beau de tous les bonheurs lié au métier — ce bonheur qui fait souffrir quand il nous fuit — :  être édité et être lu."

 

Ce "bonheur" des débuts, Laurent Jarneau va en faire une quête qui sera la ligne éditoriale de sa vie professionnelle, d'hier à aujourd'hui. Avec succès. Diplômé de l'école de journalisme de Tours, c'est après avoir obtenu une licence en Sciences de l'Education, été professeur des écoles stagiaire et passé deux années de coopération à Dakar, avec son épouse, qu'il entre de plain-pied dans le métier. "J'ai commencé chez Bayard, en Bretagne, en tant que secrétaire de rédaction, avant de rallier Lourdes et son Sanctuaire où j'ai exercé et évolué pendant plus de vingt ans : rédacteur en chef adjoint de Lourdes Magazine , rédacteur en chef du site internet, journaliste reporter d'images," se contente-t-il de résumer.

 

Ce qu'il ne dit pas, c'est la somme incommensurable d'articles et de vidéos produits pendant toutes ces années, sans doute un millier. Ce qu'il ne dit pas, non plus, c'est le nombre d'heures passées à contempler et écouter, à rencontrer, interviewer, enregistrer, filmer, écrire, monter, copier, coller, publier. Mais ce qu'il sait dire, c'est pourquoi il ne se lasse  pas de le faire : "C'est pour offrir au plus grand nombre la vision confiante de l'humain à travers ce qu'il fait de mieux et ce qu'il est de mieux." Autrement dit, consacrer son travail à la Beauté et la rendre accessible à tous.

 

Laurent Jarneau aime à raconter les histoires vraies. Celles qui parlent du miracle d'être vivant; celles qui parlent du combat que mènent les gens, de haute lutte, pour ne pas céder au désespoir;  celles qui parlent des événements heureux ou malheureux  de  l'existence  et  qui  portent à méditer  sur  la joie,  la douleur,  la gloire et la lumière; celles, enfin, qui parlent d'espérance, quand les personnes consentent à lever le voile sur le plus bel endroit de la Terre : le Sanctuaire de leur cœur. "Mes productions, c'est la promesse d'un voyage intérieur au-delà de toute frontière, confie Laurent Jarneau. De village en village, de mystère en mystère, de personne en personne, de sanctuaire en sanctuaire".

 

A la fin de son documentaire La Vie moderne, Raymond Depardon commente : "Je filme les hauts plateaux froids des vallées profondes du massif, je filme cette lumière qui n'est pas comme les autres et je ne suis pas prêt de l'oublier". Laurent Jarneau a posé son regard sur les cimes. Il a écouté les mots de Depardon, on lui demande de conclure. Il cherche la Parole de Vérité, celle qui récapitulera tout. Et elle vient : "Moi aussi je filme une lumière qui n'est pas comme les autres et je ne suis pas prêt de l'oublier. C'est la lumière des hauts plateaux froids des vallées profondes de l'être. La lumière de l'âme." Miraculeux.

 

JG